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Sur la Côte d’Opale, le grand retour du phoque

Sarah Khelifi & Mahault de Fontainieu

Avec des photos de Quentin Saison

Têtes rondes, pelage d’apparence doux, les phoques gris et veaux marins repeuplent les plages du Nord de la France. Mais leur retour cristallise des tensions entre marins-pêcheurs et associations de protection de l’environnement.

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Après 20 ans d’absence, les phoques sont de retour sur les côtes du Nord de la France. A l’été 2022, les associations régionales comptabilisaient 1400 individus sur la Côte d’Opale. Dans les années 80, cette espèce de mammifère marin était considérée comme un rival des pêcheurs, les deux s’approvisionnant sur le même stock de poisson. Désormais classée espèce protégée, sa présence fait pourtant des vagues. 

Chasse, tourisme : le phoque émissaire

En 2018, plusieurs cadavres de phoques montrant des traces de violence ont été retrouvés. Ils présentaient souvent des blessures au fusil de chasse, certains étaient mutilés ou décapités : un bébé phoque a même été roué de coups de bâton. 

Pour les défendre, l’antenne lilloise de Sea Shepherd, ONG œuvrant pour la protection de la biodiversité marine, est régulièrement interpellée. Jérémy Castellani y est activiste de longue date. Selon lui, les phoques sont des victimes directes des activités humaines dans la région, incompatibles avec leurs modes de vie. Le tourisme, qui profite de la présence de ces petits animaux aux yeux ronds et à la forme de peluche, perturbe leur espace naturel. La fréquentation des plages pousse par exemple les mamans à abandonner leurs petits, qu’elles avaient emmené sur la plage. Dans la mer, leur présence est aussi menacée. Inquiets par la diminution des stocks de poisson, certains marins-pêcheurs comme Fabrice Gosselin appellent à une régulation du mammifère. Créateur du collectif contre la prolifération des phoques, il exhorte l’Etat français à trancher sur le sujet : préserver la pratique de la pêche, ou favoriser le retour de l’espèce.

Il faut sauver le soldat phoque

Jacky Karpouzopoulos aime se décrire comme “le syndicaliste des phoques”. Depuis plus de 30 ans, ce passionné de phoques sillonne les plages de la Côte d’Opale  pour sauver ces mammifères, “sans compter les kilomètres”. Entre l’activité humaine et la maladie, certains n’arrivent pas à reprendre la mer. Pour agir efficacement, Jacky prend part au Réseau National d’Échouage. Créé en 1972 par le Centre Pelagis de La Rochelle, il met en contact associations locales et centres de soins de la faune sauvage.

Membre de l’association Coordination Mammalogique du Nord de la France (CMFN) – qui endosse cette responsabilité – et vice-président de la Ligue de Protection des Animaux (LPA) de Calais, Jacky a l’habitude de faire la navette entre ces deux structures. “Des phoques qui sont abandonnés, ou qui sont livrés à eux-mêmes et qui n’arrivent pas à se nourrir, ils s’échouent” nous confie t-il. “C’est notre fond de commerce ici l’été : on accueille des animaux de la baie de Somme, alors qu’ils ne sont pas censés avoir besoin d’une intervention humaine”. En 2022, Christelle, Didier, Jacky et tout le reste de l’équipe du CMNF et de la LPA de Calais ont sauvé une soixantaine de phoques.

On ne fait pas n’importe quoi avec les phoques ! Ils sont mignons, ils sont petits… mais ils sont aussi fragiles. Lorsque vous côtoyez des phoques, il est essentiel de rester à bonne distance (une centaine de mètres) et de ne pas vous en approcher, au risque de faire fuir les mères. Par ailleurs, un phoque qui se sent menacé peut mordre.

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