Fanny Lardillier & Quentin Saison
65% de la population des Hauts-de-France consomme une eau polluée par des résidus d’herbicide. Didier Malé, lanceur d’alerte, parle d’un « échec très grave des politiques publiques ». Manque d’études, absence de communication… À Montreuil-sur-mer, les habitants sont inquiets face au silence de la mairie, même si l’Agence Régionale de Santé se veut rassurante.
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En 2020, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), classe deux dérivés d’un herbicide – les métabolites de chloridazone – comme potentiellement dangereux pour la santé. Utilisée de 1963 à 2020, la chloridazone est le sixième pesticide le plus utilisé dans les Hauts-de-France, notamment puisqu’il sert à la culture bettravière, omniprésente dans le Nord.
En 2021, l’Agence Régionale de Santé (ARS) mène des analyses pour détecter ces deux métabolites dans l’eau. Les chiffres sont alors saisissants : 65% de la population des Hauts-de-France consommerait une eau non réglementaire. Face à de tels chiffres, l’ARS demande à l’ANSES d’établir une « valeur de potabilité ». Pour 105 communes des Hauts-de-France, un suivi renforcé est mis en place.
C’est le cas à Montreuil-sur-Mer dans le Pas-de-Calais où les deux métabolites ont été trouvés en grande quantité. Pourtant, les habitants ne semblent pas avoir été informés de la situation, ni avoir changé leurs habitudes de consommation. Cela n’étonne pas Didier Malé, le lanceur d’alerte picard. « Plusieurs communes m’ont dit qu’elles ne communiqueraient pas, alors qu’il s’agit d’une obligation sanitaire. »
L’ARS a de son côté communiqué sur ce sujet, auprès des mairies puis de la presse, suite à des enquêtes initiées par Le Monde ou Complément d’Enquête en 2022. Trop tôt selon la Communauté d’Agglomération des 2 Baies en Montreuillois, qui ne voit dans toute cette affaire qu’un excés de précautions. Si il s’agit bel et bien de mesures préventives, il apparait que les nombreuses lacunes en matière de recherche et d’information à destination du public laissent planer la possibilité d’une pollution potentiellement dangereuse pour la santé, notamment des plus fragiles.
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